« ll y a du sublime à gaspiller une vie qui pourrait être utile,
à ne jamais réaliser une oeuvre qui serait forcément belle,
à abandonner à mi-chemin la route assurée du succès.
Pourquoi l’art est-il beau ?
Parce qu’il est inutile.
Pourquoi la vie est-elle si laide ?
Parce qu’elle est un tissu de buts, de desseins et d’intentions.
Tous ses chemins sont tracés pour aller d’un point à un autre.
Je donnerais beaucoup pour un chemin conduisant d’un lieu
d’où personne ne vient, vers un lieu où personne ne va.
La beauté des ruines ?
Celle de ne plus servir à rien. »
***
Fernando Pessoa (1888-1935) – Le Livre de l’intranquillité
Merci d’être revenue
Je trouve encore plus beau de « réaliser » cette oeuvre « forcément » belle, et de la foutre au feu, ou encore mieux, la perdre trivialement dans un déménagement et s’en foutre: la vie n’a aucun but, pas de chemin du point A au point B, n’est-ce pas? Alors c’est pareil d’être lu que pas lu, publié/pas publié, écrire/pas écrire.
« Il y a du sublime à […]. » La recherche du sublime? Lol. On arrête aux alentours de la puberté, il me semble qu’il y a des raisons.