TitaBlogskaïa

Archive for août 2013|Monthly archive page

Perfect day Elisa

In Uncategorized on 31 août 2013 at 1:50

People have the power

In Uncategorized on 31 août 2013 at 2:16

Oh God, I miss You

In Uncategorized on 30 août 2013 at 12:46

Magie

In Uncategorized on 30 août 2013 at 12:19

Dès que je la vis, je la désirai.
D’abord pour la séduire, je répandis des plaines et des plaines. Des plaines sorties de mon regard s’allongeaient, douces, aimables, rassurantes.
Des idées de plaine allèrent à sa rencontre, et sans le savoir, elle s’y promenait, s’y trouvant satisfaite.
L’ayant bien rassurée, je la possédai.
Cela fait, après quelque repos et quiétude, reprenant mon naturel, je laissai réapparaître mes lances, mes haillons, mes précipices.
Elles sentit un grand froid et qu’elle s’était trompée tout à fait sur mon compte.
Elle s’en alla la mine défaite et creusée, et comme si on l’avait volée.

***

Henri Michaux (1899-1984) – Lointain intérieur (1938) – Magie texte II

J’ai souffert

In Uncategorized on 30 août 2013 at 12:15

J’ai souffert autant qu’on peut souffrir au monde
Mais j’ai connu la joie atroce de rêver
J’ai connu la douleur d’effacer son visage
Au feu de ma raison
J’ai connu dans la nuit avide de mon sang
Le vent jaloux de Dieu
Le vent qui n’a jamais connu sa voix d’enfant
J’ai connu l’attente obscure
La foule avide et dérisoire
Distribuant ses fantômes et noyant ma mémoire
Raz de marée brisant ma vie
À travers les brouillards de ses yeux dispersés
J’ai connu l’obsession d’un mal que je vénère
J’ai connu le tourment du doute et de son visage
Et ses paroles effaçant ma douleur un moment
Et confondant ma nuit avec ses yeux fermés

***

Jacques Prével (1915-1951)

Mots en bouquet sans risque et sans projet

In Uncategorized on 25 août 2013 at 9:51

Je suis rentrée béante. Mon centre battait comme un coeur et tétait l’âge libre.

Mon corps où fleurissent et se fanent des bleus récoltés hors d’haleine au choc de nos pubis, aux poils tendres et aux rets de nos mains.

 

Des cafés de Paris

In Uncategorized on 25 août 2013 at 9:06

Des cafés de Paris que j’aimais, agonisants, en marge de la modernité, vaincus puis repris, devenus prétentieux et chers, à thèmes, à propre ambiance, grimés en boudoirs, rouges comme des bordels, où on s’assoit sur des poufs en faux galuchat, entourés d’écrans plats. Le comptoir, escamoté, réservé au service, encombré de plantes synthétiques bêtes à pleurer, adieu flipper, adieu juke-box, depuis longtemps. Voici la salle unique, la musique lourdement imposée, le loufiat chafouin et désinvolte, l’attente, la prise d’otage sur les banquettes. Au café, je préfère rester debout, contre le formica, sur le zinc anonyme, où boivent encore des poivrots larmoyant dans leur gitane, où les habitués à peine arrivés sont déjà servis et se passent le relais dans le volèttement des journaux, la radio qui grésille, le marc jeté dans le fracas, les pyramides d’œufs durs et la salière trônant.

Les raboteurs de plancher

In Uncategorized on 25 août 2013 at 9:05

Dans ce rêve, mon temps, mon espace vacants. Et que m’envahissent des meutes un peu saoules, jalouses et désinvoltes que je chasse au matin d’un revers de la main. J’ai autre chose à faire que de les recevoir, elles protestent puis s’enfuient sans demander leurs restes. Je m’exalte un peu de me sentir si bien dans ce vide si clair, il me manque peut-être quelques meubles choisis qu’on dirait de famille. J’arpente toutes les pièces, j’y cherche mes chaussures mais les retrouve toujours bien rangées comme avant et puis j’en ai si peu et puis j’en ai des neuves. Comme cela est heureux. J’embrasse le parquet d’échardes, doucement je gratte entre ses lames les miettes sèches des derniers occupants.

 

Forte piano

In Uncategorized on 25 août 2013 at 9:04

Cinq ans de piano, mais sans plaisir et sans joie. Il ne m’en reste rien. Pourtant. Je me souviens du cafard de cet hiver de mes onze ans lorsque je me rendais le lundi soir après l’étude chez ce jeune homme de la rue de l’Estrapade qui me donnait des leçons. C’était un jeune homme grand et maigre, à la peau diaphane, aux yeux pâles, hâve comme un étudiant. Ses cheveux bouclés, blonds comme la cendre, son visage émacié, sa bouche mince lui donnaient un air russe rongé par l’anxiété. Lorsqu’il ouvrait la porte de son minuscule appartement encombré de livres et de partitions, c’était toujours affreusement gênée que j’entrais de plain-pied dans son intimité, dans l’odeur de son lieu qui sentait la solitude au travail, la soupe et le garçon. Mon dieu quel calvaire de répéter assise à son côté, de tanguer sur mon tabouret, d’y ânonner mes gammes, étourdie par l’angoisse de me tromper, je butais et lorsqu’il me reprenait un peu trop souvent, je paniquais, perdant pied, pédalant dans l’envie de mourir, de tomber inanimée. Je fondais en larmes. Il me disait comme tu es sensible. Ses doigts longs et fins courraient alors sur les touches du piano en y laissant une empreinte moite, pour me montrer. Mais je n’y voyais plus rien depuis longtemps. Un jour, il m’invita à un concert. Il interprétait des sonates de Bela Bartok. Ce soir-là, sur scène, assis à ce superbe piano à queue noir, je le vis métamorphosé par la passion, par la joie profonde de jouer et par un trac immense. Sa chair poissonneuse que je trouvais si fade et qui me répugnait était comme embrasée d’un feu sacré qui le rendait fauve, magnifique. Saisie par l’émotion de le voir ainsi transfiguré, je gisais interdite dans mon fauteuil carmin A la fin du concert qui dura une éternité, j’allai timidement le saluer. Il était radieux, il exultait, il serrait les mains qui se tendaient vers lui avec chaleur ; lui qui me semblait si triste et si austère rayonnait maintenant mystérieux et sublime.

Mon ventre de Paris (réédition)

In Uncategorized on 25 août 2013 at 9:03

Une drôle de semaine, vraiment belle, tendue comme un tambour par une faim logée si loin dans mes talons que je ne la sentais plus. Une semaine avec le palpitant lancé au galop sous ma poitrine. Une semaine avec trop de soleil pour être consciencieusement gagnée. Une semaine où se sont succédés les cadeaux des rencontres humaines, même que certaines étaient trop jolies pour être adoptées et revêtues si vite et que j’ai dû m’enfuir. Et j’étais pleine de joie, et j’avais aussi envie de pleurer sans raisons ou bien de sautiller sur les trottoirs de Paris, si doux ces derniers soirs. Ce matin, dans le quartier juif, des marchands vendaient des cédrats et des palmes dans les rues calmes. Je passe devant les commerces familiers et respire leur odeur. J’aime, celle du café qui fait l’angle, sa liqueur d’expresso et de tabac froid, le marchand de primeurs, fruits et légumes mêlés inondant le trottoir et les cris des petites marchandes étalant leurs offrandes et la radio qui beugle. Puis la vendeuse de fleurs qui attend son patron assise sur le seuil de la boutique, muette dans la fumée de sa cigarette et le boucher, violemment éclairé dansant autour des bœufs entiers qu’on lui livre et le poissonnier ruisselant, mince comme un loup, s’affairant dans la glace et les citrons, déballant des brassées de fruits de mer, enfin le cordonnier enveloppé dans sa brume de néons et de colles. J’accoste alors au Brésil au milieu des ouvriers de toutes origines et je parle portugais et arabe et chinois et je bois mon petit noir et je demande des nouvelles d’un œil au Parisien et l’horoscope est toujours un gros menteur.