TitaBlogskaïa

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Rêve de Pâques

In Uncategorized on 21 mai 2012 at 7:57

J’apprends que j’aurais le poste convoité. Je suis chose énorme, je darde, gonflée à l’hélium.

La nuit précédente, couchée de vin et de neige, je rêve que je tiens un hôtel qui n’est autre que la piscine de la rue de Pontoise, avec ses cabines alignées, ses coursives. Je propose toutes ces chambres, alvéoles décorées ou moins, habitées, insalubres. Certaines suintent le calcaire verdâtre qui bordait le bassin où je nageais enfant avec mon père, avant que la piscine ne soit restaurée. D’autres abritent  des autels où se rassemble ce que j’aime : fleurs, bibelots, photos, cartes postales, cailloux et graines. Une lumière de cierge et toujours cette eau, cette javel, ce goût de la désinfection brutale des choses. Je me souviens saisissant la poignée de chaque alcôve et l’ouvrant, surprise de ce que j’y trouvais.

J’ai des mots merveilleux quand je me lis. Il m’arrive de m’aimer comme un œuf . Je sens les tétons d’Artémis pointer et pendre à mon buste, à mes flancs.

Kreayshawn

In Uncategorized on 20 mai 2012 at 9:48

 

Sardon, mon tampographe préféré.

In Uncategorized on 20 mai 2012 at 8:45

Noces

In Uncategorized on 18 mai 2012 at 10:52

« Dans un sens, c’est bien ma vie que je joue ici, une vie à goût de pierre chaude, pleine de soupirs de la mer et des cigales qui commencent à chanter maintenant. La brise est fraîche et le ciel bleu. J’aime cette vie avec abandon et veux en parler avec liberté : elle me donne l’orgueil de ma condition d’homme. Pourtant, on me l’a souvent dit : il n’y a pas de quoi être fier. Si, il y a de quoi : ce soleil, cette mer, mon cœur bondissant de jeunesse, mon corps au goût de sel et l’immense décor où la tendresse et la gloire se rencontrent dans le jaune et le bleu. C’est à conquérir cela qu’il me faut appliquer ma force et mes ressources. »

Albert Camus
Noces
1939

Une genèse

In Uncategorized on 18 mai 2012 at 10:25

Je voulais dire les mots
derrière la conscience
Je me suis perdue
dans mon gouffre
dans le touffu silence
dans le fait de ma chair
dans ma fossile colère
et j’ai fait de mon âme ma propre prison

J’ai fait de l’émotion
formulation atone
figée dans l’encre épaisse
d’énormes maladresses

Je voulais dire le moi, le fond, le révélé,
l’état virginal de ma forme muette
J’ai bégayé sans cesse
reprenant ânonant
l’innocente requête
je me suis crue perdue
et perdue j’ai été
puis j’ai senti le Tout
ma Mère, mon souhait
et l’intime fréquence
le repos dans la foi
après l’inconséquence

Redite

In Uncategorized on 18 mai 2012 at 10:22

Je pensais écrire quelque chose de neuf, mais je reviens toujours à l’enfance, au soleil permanent des vacances, au vent dans les cheveux, aux traces de sel, à la marque du maillot. Il y avait toujours de l’espoir, nous étions immortels, l’important était pour plus tard : on serait, on ferait, on aimerait ainsi, non plutôt comme cela. Les chagrins étaient immenses mais on ne nous en croyait pas encore capables, nous n’en n’avions pas encore mesuré la profondeur, nous n’en avions pas encore tâté de ce gouffre. Puis il fallut donner de plus en plus de preuves de notre maturité et de notre valeur, de nos aptitudes, de nos facultés, de nos performances et de nos compétences. Connais-tu ta leçon ? Es-tu sûre de la savoir ? Je disais oui, je savais que oui mais le soupçon d’ignorance, de lacunes, de paresses, anéantissait mes certitudes, je vacillais dans le je ne sais plus si je la sais vraiment. Je me nourris surtout du sensible, je ne sais pas bien raisonner, ni démontrer, ni prouver quoi que ce soit en dehors de ma propre expérience. Je ne suis que ma propre nostalgie. Plus j’épluche cet oignon, moins je pleure, le plus piquant est passé, dans la chute des premières tuniques.

Pierre Reverdy – Le bonheur des mots (1959)

In Uncategorized on 18 mai 2012 at 10:00

Je n’attendais plus rien quand tout est revenu, la fraîcheur des réponses, les anges du cortège, les ombres du passé, les ponts de l’avenir, surtout la joie de voir se tendre la distance. J’aurais toujours voulu aller plus loin, plus haut et plus profond et me défaire du filet qui m’emprisonnait dans ses mailles. Mais quoi, au bout de tous mes mouvements, le temps me ramenait toujours devant la même porte. Sous les feuilles de la forêt, sous les gouttières de la ville, dans les mirages du désert ou dans la campagne immobile, toujours cette porte fermée – ce portrait d’homme au masque moulé sur la mort, l’impasse de toute entreprise. C’est alors que s’est élevé le chant magique dans les méandres des allées.
Les hommes parlent. Les hommes se sont mis à parler et le bonheur s’épanouit à l’aisselle de chaque feuille, au creux de chaque main pleine de dons et d’espérance folle. Si ces hommes parlent d’amour, sur la face du ciel on doit apercevoir des mouvements de traits qui ressemblent à un sourire.
Les chaînes sont tombées, tout est clair, tout est blanc – les nuits lourdes sont soulevées de souffles embaumés, balayées par d’immenses vagues de lumières.
L’avenir est plus près, plus souple, plus tentant.
Et, sur le boulevard qui le lie au présent, un long, un lourd collier de cœurs ardents comme ces fruits de peur qui balisent la nuit à la cime des lampadaires.

***

Pierre Reverdy (1889-1960)La liberté des mers (1959)

Mélanco

In Uncategorized on 14 mai 2012 at 11:57

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Je suis toujours émue à la lecture de ce bouquin de Modiano.

« Une nuit de septembre 1959, avec ma mère et l’un de ses amis, dans un restaurant arabe de la rue des Ecoles, le Koutoubia. Il est tard. Le restaurant est désert. C’est encore l’été. Il fait chaud. La porte est grande ouverte sur la rue. Ces années étranges de mon adolescence, Alger était le prolongement de Paris, et Paris recevait les ondes et les échos d’Alger, comme si le sirocco soufflait sur les arbres des Tuileries en apportant un peu du sable du désert et des plages… A Alger et à Paris, les mêmes Vespa, les mêmes affiches de films, les mêmes chansons dans les juke-box des cafés, les mêmes Dauphine dans les rues. Le même été à Alger que sur les Champs-Elysées. »

Diététique

In Uncategorized on 14 mai 2012 at 11:46

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Je lis ce bouquin de Matzneff trouvé le 1er mai chez un bouquiniste du quai des Augustins. Le type m’a rendu la monnaie en me disant « bonne lecture ! ». Ce jour là j’avais écumé les manifestations du jour : la fin du cortège de l’extrême droite à l’Opéra, la Concorde vibrante de drapeaux tricolores puis le boulevard Saint-Germain aux cris des sans-papiers. C’était une si belle journée. Avant le chaos que l’on connait.

In the Grace of your Love

In Uncategorized on 14 mai 2012 at 11:43