J’apprends que j’aurais le poste convoité. Je suis chose énorme, je darde, gonflée à l’hélium.
La nuit précédente, couchée de vin et de neige, je rêve que je tiens un hôtel qui n’est autre que la piscine de la rue de Pontoise, avec ses cabines alignées, ses coursives. Je propose toutes ces chambres, alvéoles décorées ou moins, habitées, insalubres. Certaines suintent le calcaire verdâtre qui bordait le bassin où je nageais enfant avec mon père, avant que la piscine ne soit restaurée. D’autres abritent des autels où se rassemble ce que j’aime : fleurs, bibelots, photos, cartes postales, cailloux et graines. Une lumière de cierge et toujours cette eau, cette javel, ce goût de la désinfection brutale des choses. Je me souviens saisissant la poignée de chaque alcôve et l’ouvrant, surprise de ce que j’y trouvais.
J’ai des mots merveilleux quand je me lis. Il m’arrive de m’aimer comme un œuf . Je sens les tétons d’Artémis pointer et pendre à mon buste, à mes flancs.