Ta chambre deviendra une buanderie pour y mettre sur l’étendage distendu mes culottes et mes pulls lavés à la main. Tu vas partir avec tes mètres de mangas et les collisions de sons dont j’étais bercée. Je t’ai fait pour. Pour que tu me quittes. Armé, oui. Sans dettes. Prêt. Ce qui me manquera le plus n’a pas de nom. Comme je n’ai pas de canapé je ne finirai pas à son angle avec une bouteille de Martini à tuer le temps. Je sortirai, vois-tu, comme j’ai fait toujours, pour évtier de vaquer entre les deux courrettes grises et mon éternel tourment.

Je ne mets plus de gants depuis que je suis ancrée anrachiste de droite. Mes mains de velours dans des gants qui réclament un peu de respect pour la France et pour Paris, ma ville paillasson. Mes potes qui n’osent rien dire, nous tous muselés, c’est fini. Liberté, Egalité, Fratérnité, c’est fini, tout ça pétri dans la corruption à tous les étages. Je m’abstiens.

Dieu soit loué, il y en a maintentenant pour tout le monde. Les chelous, les teintés, les tatoués aux genoux Mangalas qui vont pendre, les effilés du cerveau et du jean moche, les créatures qui confondent le Beauté, le Sexe vrai avec le Luxe, toussa, tout ce bazard de clandeurs qui évitent de se laver et de faire attention. Oy yeah ! Aujourd’hui c’est pour tout le monde de ne penser qu’à sa gueule, de ronfler dans son portable, de ne pas tenir la porte, de ne faire attention à rien. Faites attention au Beau.

Petites gouines de Paris énervées, moches et méchantes au Trianon, votre Place to Be, votre flaque dans Paris.

Quand on se lève nous, hétéros, blancs et vieux pour célébrer un mec comme Bertrand Belin, avec du bruit, vous n’aimez pas ça, vous nous demandez de rester assis et de faire silence, comme si Vous, Vous connaissiez bien un mec comme Léonard Cohen. Get Lost.

Il y a des frangins qui sont très forts pour me faire aimer ce qui est nouveau. Les temps, la musique, une autre façon de supporter le monde et de s’y adapter. Merci à tous ceux qui font marcher la machine, qui nourrissent la bête et qui partagent. Ceux qui ont le courage d’envoyer des messages pour toucher des personnes qu’ils ne connaissent même pas. Ceux qui ont la pudeur de ne pas imposer leurs opinions et qui évitent le prozélitisme, ceux qui ont le courage d’écrire avec des mots choisis. Ceux qui savent reconnaître les leurs dans le secret, ceux qui aiment perdre leur temps à débattre ou à frimer. Ceux qui nous font rire bien qu’encerclés par la censure.

Après l’isolement imposé il y a eu sa suite. Ca m’a pris un an. Je reviens aux concerts, je supporte un peu mieux les gens, je refais l’amour, je mets des jupes, je me souviens que j’ai fait du Krav-Maga et que je n’ai rien à craindre. Les gens aspirent à la paix et à la liberté, on devrait arrêter de les brutaliser et de les traiter comme des crétins.

J’ai fait la paix avec des personnes importantes. Faire la paix, c’est les débloquer, leur téléphoner, les voir pour de vrai. Quand c’est l’heure, c’est parfait de se parler à nouveau. On sait pourquoi on s’est aimés, on sait aussi en riant pourquoi on s’est quittés.

Ma mère m’a mise au monde à une heure avancée de la nuit. Je suis donc de cette heure. C’est à partir d’elle que je suis vraie. Le reste du temps je fais semblant d’être normale, disons que je fais ce que je dois faire, je le fais plutôt bien, je m’en sors quoi. Il faut un peu de culot et d’outrecuidance pour bouffer la nuit qu’on aime et ne pas être soucieux de son teint et de tout le tremblement. Plus je vieillis et plus je m’autorise une grande marge de manoeuvre, une grande liberté de ton, d’être vraiment belle comme je le veux et d’aimer de toutes sortes de façons.

J’avais réinstallées toutes mes couleurs sur la table hier soir. Je me suis couchée tard et j’ai rêvé que ma mère m’offrait une vieille platine vinyles que je serrais dans mes bras de toutes mes forces. Je me demandais quels étaient les albums qui comptaient le plus pour moi.

Ce soir j’ai vu une amie qui m’a proposé de vendre des fleurs au marché le samedi et le dimanche. Quand je suis rentrée, je me suis mise à dessiner et à peindre. Ca fait des mois que je ne fous rien. Quand j’ai eu fini mon tableau, j’ai eu soif et je suis sortie acheter une bière chez l’arabe en écoutant Archive « We are the same ». Ca faisait longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi bien. C’est bizarre le vie. C’est étrange de vivre je trouve.

On parle aux hommes qu’on aime le soir après IPA. On leur dit qu’ils nous manquent. Qu’on veut leurs sifflets et leurs baisers et qu’ils passent leurs mains sur nos hanches