Aujourd’hui c’est ma fête d’être mère et d’avoir survécu à te donner naissance ce soir de pleine lune, glaciale où on t’arracha de mon ventre pour te placer nu et gluant sur ma poitrine qui suffoquait. Ce n’était pas donné. Mais voilà, je l’ai fait, je ne sais même plus comment nous nous en sommes tirés vivants, mon petit singe aux yeux noirs si brillants, aux joues lardées de tes jeunes griffes et moi qui devenais une autre. Ma vie de femme.

Ce n’est pas l’amour que je cherche mais que tu m’autorises d’être folle de toi, muse arrivée sans raison, sans but et que tu ne craignes pas que je m’active dans la nuit à ce truc merveilleux que nous avons circonscrit.

J’ai beau douter, il faut bien admettre que je suis aimée et attachée à toutes les rencontres faites grâce à la Vie

Je me fais chier au delà de ce qui était réel, avant. Je déchire le mille feuilles de mes ongles. Je solde ce que je croyais l’amour. Tu ne le portes plus ? Vends le ! On remet tout dans la main du second marché et le neuf colle des allergies aux entournures. Le soir je me fous de tout et je sors marcher dans le quartier avec mon casque à musique, je connais tous les dépanneurs. Les jeunes macaques qu’on dirait sans foyer et les dealers crasseux et bedonnants en survêtement hululent aux pieds des HLM et conchient la paix du boulevard. Pour l’instant tout va bien.

Hier, j’étais avec toi à parler de cette urgence que nous ressentons de nous arracher de tout, de faire absolument cette chose. Après cette étreinte intense d’y réfléchir, nous nous quittons, sans même un baiser. Ainsi, nous restons libres. Je te suis attachée jusqu’à nouvel ordre.

Au bout de ce dessin je l’ai nommé « Le Trompettiste », parce qu’il était tissé de toi et de la musique. Ce n’était pas prévu. C’est venu à l’aube quand j’ai résolu d’en finir de lui et de me coucher.

C’est une grande rencontre

Cette nuit j’ai tout mon temps pour réfléchir et régler la semaine. L’autre soir, j’ai senti le vent de la rue Esquirol quand tu t’es déguisé en Power Ranger glacial pour chasser le baiser que je venais te proposer. Quelle force Baby, combien je sens tes super pouvoirs !

Quand je te vois engloutir toute la bière de ta soirée et ignorer ma présence, dans cet espace que nous partageons et que nous fuyons selon nos forces, j’ai hâte d’un autre homme dont je n’ai même pas encore envie, j’ai hâte de ne plus penser à toi. J’ai beaucoup de chagrin et tu n’en as cure.

Je te sens glorieux caché dans le jardin de la terrasse des Arènes. Près de tes sbires et loin des regards mais quand même là et quand même à me faire signe entre deux tirages de bières. Entre un roux et un chinois. Pour toi tout est normal on dira. D’ailleurs qu’est ce qui est normal pour toi ?

J’ai encore envie d’écrire. Que je ne sais pas trop ce dont j’ai envie. Avant c’était plus clair, il me semble. Aujourd’hui, après ta perte et celle des autres, après avoir traversé l’angoisse d’alimenter la vie matérielle, j’ai tenu ma maison malgré mon ivresse et mes dessins de nuit, je tends, je tends, au matin, ce soir je n’ai plus que mes mains tremblantes.