TitaBlogskaïa

Archive for octobre 2013|Monthly archive page

Chant connu de l’infini sevrage

In Uncategorized on 22 octobre 2013 at 2:55

De me sentir pour si peu forger ton souci, comme échappée de ton champ, de tes soins et de ta correspondance, je trébuche dans le vide où s’éteint la petite lumière de mon esprit saint. Les morts me manquent et les vivants aussi. Je suis de l’entre-deux rives. Ce que j’écris ne dit rien, ce que je dis est l’ombre de ma mélasse. Et rien ne comblera ton absence initiale, ni le soleil, ni le duvet des filles, pas même la poigne des hommes. Je reste là, regardant l’or couler entre mes doigts, la création, la peau lisse et les verts appâts fuient avec le temps, me laissant assoiffée à deux pas d’une source qui coule au fond de moi.

Poésie & Architecture

In Uncategorized on 17 octobre 2013 at 11:15

« C’est à la voûte que cette pensée s’attache. A la voûte , à cet extraordinaire recourbement par lequel le mur qui s’élève pierre après pierre se fait comme conscient du voisinage d’un autre mur et se penche vers lui, risque son équilibre dans la vie qui les sépare, défie la gravitation, mais reçoit alors le secours du côté opposé de l’édifice, qui semblablement s’est porté en avant, les deux murs ensemble faisant naître alors un espace, au sein duquel on peut vivre. » (…)

Yves Bonnefoy
Poésie & Architecture

En miettes

In Uncategorized on 17 octobre 2013 at 10:31

J’écoute The Cure, c’est un peu triste. Ca me rappelle le froid dans les longs couloirs de la cité U, les accents grandiloquents des lettres d’amour, les ruptures sans appel, l’apprentissage de l’excès et ses marques que la jeunesse annule au réveil par magie. Nous avions de l’énergie et des regards, nous étions voraces, nous avions tant de raisons, et de riens pour en finir avec la famille ou la vie, alors…nous avons bien fait de lui donner une chance, et puis une autre, et encore elle était lointaine et forcément sombre, tout ça péterait bien un jour, ce serait dans un délai proche, fallait pas rêver. Et nous n’avions pas encore aimé correctement, sans nous heurter sans fin à l’orgueil et l’égoïsme crasse, nous n’avions pas encore eu l’idée de faire une véritable place à l’autre, sans nous l’attacher, l’autre à tout jamais et bêtement et l’absence nous rendait si romantiques, si misérables. Et toujours l’idée que ce malaise, cette chicorée d’amour et d’angoisse serait un état permanent et qu’il manquait décidément quelque chose d’essentiel à la composition de notre pétrin originel, un peu de sel ? de levure, un ferment qui aurait donné du volume à notre jeune pâte, nous nous serions levés comme un seul homme, mais nous l’avons rarement fait de nous dresser ainsi, alors notre mie nous semble souvent bien fade et inconsistante oh combien et la croûte s’effrite.

Saturday Night Fever

In Uncategorized on 16 octobre 2013 at 12:14

Saturday night fever

J’aime Paris le samedi soir quand le métro bruisse des filles en jean taille basse, leurs cheveux sont parfois gras. Elles sont trop maquillées, elles partagent leur musique en chantonnant ensemble le même refrain, elles font claquer leur chewing-gum, elles occupent tout l’espace de leur obscène jeunesse. Des hommes perdus en station inerte bordent les quais, des familles en goguette chargent les rames à coups de poussettes. Des garçons arquent le pas et chaloupent virilement, les bras écartés du corps comme le font les grands singes. Des types ventrus se précipitent pour s’asseoir lourdement. Des couples de touristes gentils se tiennent par la main, ils ont un peu bu et se sourient par-dessus le plan. Je sens courir l’appel de la fête et de l’ivresse. Quand il faudra rentrer, tu rentreras avec moi, nous marcherons ensemble, anxieux à l’idée de nous découvrir bientôt nus et jouissants l’un de l’autre. Le lendemain serait le début d’une autre histoire ou la perte de la précédente, celle où nous étions encore suspendus au désir dans l’attente. Le lendemain serait atroce et merveilleux, comme le début d’une inquiétude d’aimer déjà un peu.