TitaBlogskaïa

Archive for octobre 2015|Monthly archive page

Mathieu ou le Don de Dieu

In Uncategorized on 28 octobre 2015 at 1:16

Hier, dans la nuit, je disais de tête une urgente et belle lettre que je t’adresse mon fils.

La nuit première où je t’ai connu, tu étais à peine écourté du cordon de mon ventre et je t’avais placé contre mon flanc dans ce lit crissant d’alèzes, nous étions tous deux vagissants dans la lumière bleue de cette chambre à la fois envahie et muette.

Cette nuit première d’être mère est la plus belle de mes nuits. Tu n’étais plus moi. Tu étais un Autre et je t’ai adoré.

y’a pas de secret

In Uncategorized on 27 octobre 2015 at 1:33

Ici et maintenant

In Uncategorized on 12 octobre 2015 at 1:21

Je n’écris pour rien

et personne ne me lit, ici

Ce qui fait de cet espace le lieu idéal où je peux peindre et me relire à l’envie.

A l’heure qu’il est je devrais déjà être couchée à nourrir des forces que je vendrai demain à un contrat qui me ronge

Alors que je voudrais cesser de me briser et être aux pieds des oliviers dont j’attends la récolte, dans le vent et la vue de la mer.

J’attends que cesse l’agonie, que la boite coule, que le fils soit casé, que vienne le futur

Qu’il me reste quelque chose tant que j’aurais des dents.

Chair et mat

In Uncategorized on 12 octobre 2015 at 12:43

S’il y avait la chair, mais elle est un peu triste.
Je ne sens pas ton désir, tu n’es pas fou de moi oh je te comprends.
Je ne te sens pas offrant, tu te tournes trop souvent à l’angle mort du lit
et moi j’aime danser peut être un peu trop tard, oubliant.

Anorexia

In Uncategorized on 6 octobre 2015 at 12:16

Je ne mange pas. Rien ne presse et je veux rester vive. Je cherche juste de bonnes chaussures et un but pour les chausser. Sinon, je reste ici et je dors avec les yeux qui volètent sans savoir ce que je désire. Il faudrait toujours mais en fait c’est égal que je ne fasse rien puisque personne ne me voit. Si j’étais libérée de toutes contraintes, je veux dire, absolument, je vivrais mieux le temps et la tête à l’envers. Quand je sortirais ce serait toujours enfin affamée et tirée à quatre épingles pour conquérir le monde.

Femme qui vous accordez

In Uncategorized on 1 octobre 2015 at 9:12

« Femme qui vous accordez avec la bouche du poète, ce torrent au limon serein, qui lui avez appris, alors qu’il n’était encore qu’une graine captive de loup anxieux, la tendresse des hauts murs polis par votre nom (hectares de Paris, entrailles de beautés, mon feu monte sous vos robes de fugue), Femme qui dormez dans le pollen des fleurs, déposez sur son orgueil votre givre de médium illimité, afin qu’il demeure jusqu’à l’heure de la bruyère d’ossements l’homme qui pour mieux vous adorer reculait indéfiniment en vous la diane de sa naissance, le poing de sa douleur, l’horizon de sa victoire » (…)

Fureur et mystère – René Char

La Marseillaise Noire

In Uncategorized on 1 octobre 2015 at 8:59

Fils d’Africains! Tristes victimes,
Qu’un joug absurde abrutissait.
De monstres oubliant les crimes,
Pensons à Jésus qui disait:
« Peuples, plus de sang, plus de guerre
« Qui font rougir l’humanité,
« Moi je suis la Fraternité,
« Embrassez-vous, vous êtes frères. »
Debout ! L’heure est venue, à chaque travailleur
Le pain qu’il a gagné, qu’importe sa couleur.
Assez longtemps ! le fouet infâme
De ses sillons nous a brisés,
Sans nom, sans patrie et sans âme;
Assez de fers! De honte, assez !
Que dans une sainte alliance
Les noirs et les blancs confondus
À la mort des anciens abus,
Marchant tous pleins de confiance,
Debout ! L’heure est venue, à chaque travailleur
Le pain qu’il a gagné, qu’importe sa couleur.
Debout! C’est l’heure solennelle !
Où sur le vieux monde écroulé
Le despotisme qui chancelle
Vient couronner la Liberté,
La discorde reprend sa pomme,
La raison humaine grandit;
C’est l’intelligence et l’esprit
Et non plus la peau qui fait l’homme.
Debout ! L’heure est venue, à chaque travailleur
Le pain qu’il a gagné, qu’importe sa couleur.
Plus d’ombre ! partout la lumière,
C’est l’Évangile qui paraît;
Le Blanc dit au Noir: mon frère,
À jamais Caïn disparaît
Plus de sang ! L’impie ignorance,
Arme terrible du tyran
Aux peuples s’entredéchirant,
Ne dit plus: mort, sang et vengeance.
Debout ! L’heure est venue, à chaque travailleur
Le pain qu’il a gagné, qu’importe sa couleur.
Allons ! malgré votre race,
Hommes de couleur, unissez-vous;
Car le soleil luit pour tous.
Que chaque peuple heureux, prospère,
Au fronton de l’humanité,
Grave ces mots: en toi j’espère,
Tu règneras, Égalité.

Camille Naudin
Nouvelle-Orléans, 17 juin 1867.

Hommage

In Uncategorized on 1 octobre 2015 at 8:44

(…) « Respect pour les hommes, respect pour leurs âmes invisibles, ou si rarement, si pathétiquement devinées ; respect pour leurs tristes corps qu’eux-mêmes ne respectent pas, se contentant de les chérir, de les torturer, ou de les nier. Respect pour les choses dont les hommes abusent avec plus d’inconscience encore, et qu’ils traitent plus mal qu’ils ne le font de leur propre coeur. Respect pour le silence, plein de pressentiments des voix futures ; respect pour le passé, qui est présent, comme dans l’écrin, la marque laissée par la bague disparue, et respect pour l’instant présent, qui ira bientôt s’ajouter au passé, attiré par l’aimantation du Temps. Respect pour les anges qui sont nos gardiens et sont peut-être nos âmes ; respect pour nos démons aussi, qui ne sont que l’ombre portée par nos anges. Respect pour Dieu, même s’il n’est pas, parce que ne pas être n’est après tout qu’une manière un peu plus noble et plus pure d’exister, et parce que nous le possédons du moins sous forme de désir et d’attente. Respect pour l’amour, que les hommes et les femmes ne respectent plus, parce qu’ils ont peur qu’on les oblige à en être dignes. Respect pour la mort qui est le fuit de notre vie, et presque son enfant. Rilke a respecté toutes ces choses, et son existence s’est passée à les vénérer en posant sur elles des mains de plus en plus tremblantes, mais qui ne tremblent, comme celles d’un amant, qu’à force de hardiesse. » (…)

Marguerite Yourcenar
Extrait d’un hommage à Reiner Maria Rilke
1936

Mai bysantin

In Uncategorized on 1 octobre 2015 at 8:34

« C’est à la voute que cette pensée s’attache. A la voute , à cet extraordinaire recourbement par lequel le mur qui s’élève pierre après pierre se fait comme conscient du voisinage d’un autre mur et se penche vers lui, risque son équilibre dans la vie qui les sépare, défie la gravitation, mais reçoit alors le secours du côté opposé de l’édifice, qui semblablement s’est porté en avant, les deux murs ensemble faisant naître alors un espace, au sein duquel on peut vivre ». (…)

Yves Bonnefoy
Poésie & Architecture

Recollection

In Uncategorized on 1 octobre 2015 at 8:18

On me préfère arrachée au prosaïque et planant au-dessus des glaises,

je me retrouve souvent minuscule, embourbée, à mâcher des gros mots.

Après la honte, je fais pénitence en lisant de belles lettres et je ne sais plus quoi écrire.