Je ne sais même pas comment célébrer la fin de ces trente séances de radiothérapie. Avec mes cheveux éclaircis comme autant de clairières blondes, avec mon déséquilibre majeur, avec mes sautes de mémoire et ma somnolence impromptue. Je me demande ce qui est le plus important en attendant ma mort. Faut-il écrire comme un petit témoignage de cette dernière ligne de vie ? Faut-il que je m’attache aux miens, à ma famille, à mes amis ? Je vaque dans mon mausolée sans fleurs, encombré de trucs que je voudrais virer méchamment comme s’ils n’avaient jamais comptés, comme s’ils n’avaient jamais été un jour des cadeaux précieux. Je m’imagine disparaitre comme vaporisée accompagnée des mes affaires. C’est presque devenue une obsession d’être la plus légère possible et de donner mes affaires. Je ne souffre pas. Je passe pas mal de temps avec mon double. On boit trop, on danse, on se déguise, on se parle pour de vrai.