Je suis retournée à l’agence et je voudrais échapper au travail seule. Je ne sais pas comment ça s’appelle maintenant de revenir à l’Open Space désinfecté et vide. Je suis mille fois plus à mon travail que quand : voisin, tu me disais tout, quand j’avais peur pour nos santés mentales, quand je sentais tes centaines de cigarettes s’échapper de ta fenêtre et ta toux de cavèrne. Tu sauras que je ne me suis pas toujours levée, que je me suis couchée tard à chasser un petit démon, que j’ai agoni une nuit entière un souvenir que j’avais, tu sais que je bois autant que toi et que nos bouteilles vides s’entrechoquent dans la poubelle blanche du petit local si bien tenu par la gardienne sainte de notre immeuble.
Je reviens au soleil, j’ai arraché mon masque, je désobéis en tout et je voudrais voir vos visages. Comment ce fait-il que vous soyez si soumis à l’Etat ?