Les loups sont entrés dans Paris. Ils sont efflanqués, fiévreux et mal nourris et se fondent dans la masse. Ils sont dans le métro, dans les squares, sur les derniers bancs. Ils font semblant. Ils ont des portables, des Nike, des coquetteries capillaires peut-être. Mais ils dorment dehors. Ils ont l’âge de mon fils. Ils ont peur, ils ont fait le voyage et ils n’ont pas de travail. Je vois la multiplication des misérables. Je vois bien en rentrant le soir que chaque porche, chaque entrée d’immeuble protégée, chaque recoin est occupé par un corps dont je suis habituée, quand je passe près de lui couché dans cette fortune, je fais mon pas plus léger sur le bitume. Je suis inquiète de l’hiver qui vient. Ces arrivants sont si nombreux qu’il est préférable de ne rien organiser pour leur survie et de taire leur existence. J’ai honte du gouvernement de mon pays la France. C’est à cause de ces loups qu’on aura ignorés et laissés livrés à de nouvelles meutes que viendra la nouvelle dictature qui s’installe petit à petit en France. Personne ne peut le nier.