Je suis allée chez Elise au salon de coiffure pour qu’elle prenne soin de moi. Elle aussi avait pris un sacré coup de vieux, elle était amaigrie et volubile. On lui a volé sa fille. Elle a perdu le contact avec cette adolescente revêche manipulée par la vie matérielle et un père moyenâgeux. Elle tournoyait autour de ma crinière fatiguée et la soulevait pour tailler toute une masse de cheveux qui tombaient comme des traits de châtaigne. Je n’avais rien à faire alors je me suis laissée aller dans le fauteuil massant et dans le flot de la radio, des chansons qu’on connait tous et qui nous lient. Ce luxe a un prix. Ce soir tout le monde m’a dit que j’étais jolie. Pour gagner de l’argent, il faut en dépenser. Pour avoir de vrais amis, il faut bien les aimer. Leur amitié me revient sous des formes multiples. L’amour bien planté est bon pour le karma. Hier j’étais en forme dramatique du genre à rentrer en pleurant de ne pas savoir me défaire d’antiques histoires d’amour. Je me suis couchée un peu tard sans rien tirer de mon pis.