Saturday night fever
J’aime Paris le samedi soir quand le métro bruisse des filles en jean taille basse, leurs cheveux sont parfois gras. Elles sont trop maquillées, elles partagent leur musique en chantonnant ensemble le même refrain, elles font claquer leur chewing-gum, elles occupent tout l’espace de leur obscène jeunesse. Des hommes perdus en station inerte bordent les quais, des familles en goguette chargent les rames à coups de poussettes. Des garçons arquent le pas et chaloupent virilement, les bras écartés du corps comme le font les grands singes. Des types ventrus se précipitent pour s’asseoir lourdement. Des couples de touristes gentils se tiennent par la main, ils ont un peu bu et se sourient par-dessus le plan. Je sens courir l’appel de la fête et de l’ivresse. Quand il faudra rentrer, tu rentreras avec moi, nous marcherons ensemble, anxieux à l’idée de nous découvrir bientôt nus et jouissants l’un de l’autre. Le lendemain serait le début d’une autre histoire ou la perte de la précédente, celle où nous étions encore suspendus au désir dans l’attente. Le lendemain serait atroce et merveilleux, comme le début d’une inquiétude d’aimer déjà un peu.
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Attente comme dans la conception de Roland Barthes? http://goo.gl/DkatUP